Objectif : Embarquer les parties prenantes tout au long d’un projet d’amélioration continue (lean management).
Présentation de mon brillant interlocuteur : Amine Kireche, expert en management de projet chez CMA CGM
Amine est un expert du management de projet chez CMA CGM, acteur mondial des solutions maritimes, terrestres, aériennes et logistiques.
Brillant ingénieur, il dirige un service qui offre un support méthodologique à plus d’une centaine de projets techniques complexes par an. Pour mener à bien sa mission, Amine entretient régulièrement ses connaissances et son savoir-faire en termes de Lean Management. Mais il sait surtout parfaitement s’entourer. Son équipe est fortement mobilisée sur l’amélioration continue des process. Dans un contexte de forte exigence opérationnelle quotidienne, cette capacité à prendre du recul et à innover mérite d’être saluée.
Amine est un manager bienveillant qui privilégie la qualité de la relation. Il fait confiance et suscite l’enthousiasme de son entourage. Il sait où il veut aller et est capable d’une certaine clairvoyance sur les améliorations à apporter à son activité. Son maître-mot : mobiliser, à savoir : donner une direction et impulser de l’enthousiasme.
Conduite du changement & mobilisation des parties prenantes : le challenge
Cependant, mobiliser son équipe ne suffit pas pour réussir à conduire le changement dans une organisation complexe faisant intervenir d’influentes parties prenantes. Changer des processus, mettre en place de nouveaux outils, faire évoluer les postures et les compétences. Tout cela ne va pas de soi, même si l’intention est saluée de tous.
De nombreuses forces conscientes ou non s’opposent au changement car les organisations humaines aiment la stabilité, et les habitudes sont bien plus difficiles à changer qu’on ne le pense.
Embarquer les parties prenantes, Amine KIRECHE en a fait l’expérience récente en conduisant un projet majeur d’amélioration continue. Il partage avec nous son analyse en répondant à 3 questions :
Frédéric BLANPAIN : «Quelle importance as-tu accordée au management des parties prenantes ?»
Amine KIRECHE : «C’est un sujet à part entière qui demande autant de temps et d’énergie que le management du contenu ou des délais d’un projet. Il suppose de la méthode et de la compétence qui ne sont pas innées. On touche en partie à la psychologie humaine. Il faut parfois savoir faire preuve d’humilité et accepter de se faire aider ponctuellement.»
Frédéric BLANPAIN : «En quoi ce management des parties prenantes facilite-t-il la conduite de ton projet de changement ?»
Amine KIRECHE : «Bien gérer les parties prenantes, c’est limiter les risques d’un blocage en alignant les personnes les plus influentes. C’est aussi prendre le temps de les écouter vraiment, d’entendre les signaux faibles et d’en intégrer certains dans le projet. Cela prend du temps. Mais au final cela en fait gagner bien plus.»
Frédéric BLANPAIN : «Quelles seraient tes recommandations pour bien manager les parties prenantes ?»
Amine KIRECHE : «Il s’agit de prendre conscience que, sans action délibérée, les parties prenantes n’accorderont pas un soutien spontané à un projet de changement aussi louable soit-il. Contrairement à l’idée reçue, les organisations humaines même dans un environnement très technique sont tout sauf rationnelles. Il faut accepter cette irrationnalité pour bien réussir la conduite du changement. Le reste est une affaire de méthode et de compétence. Cela s’acquiert en se formant et en expérimentant.»
Les conseils d’Oono
Manager les parties prenantes
1. Soyez clair sur votre intention
Quelle décision, quelle influence souhaitez-vous de la part des parties prenantes de votre projet ? Il ne s’agit pas de solliciter un accord inconditionnel sur la totalité de votre projet, mais d’instruire une prise de décision précise sur laquelle il peut y avoir de la confrontation voire de la résistance.
2. Cartographiez les parties prenantes
Commencez par placer les parties prenantes sur un axe horizontal en fonction de leur pouvoir ou de leur influence. Distinguez nettement le décideur final. Par principe, celui-ci devrait être neutre. S’il vous est favorable, tant mieux, mais ne soyez pas trop optimiste. Attention à ne pas le voir trop résistant car inconsciemment vous partiriez perdant.
Distinguez ensuite les parties prenantes en fonction de leur position sur la décision requise. La personne est-elle opposée, neutre, promoteur, leader ?
3. Définissez votre stratégie
Repérez vos alliés. Même s’ils ont peu de pouvoir ils peuvent influencer des décideurs en jouant sur une proximité que nous n’avez pas.
Ne cherchez pas à convaincre les « résistants ». Vous risqueriez de les ancrer dans leur opposition. Face à des personnes qui campent sur leur position, la meilleure stratégie est souvent l’isolement.
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